Histoire du Prieuré de Longpré

Le Prieuré de Longpré est une des nombreuses dépendances de l’Abbaye de Fontevraud, ordre monastique fondé, en 1101, par Robert d’Arbrissel.

Le prieuré est bâti, en 1180, sur les ruines d’un petit monastère datant du IX ème siècle.

Sa construction est due à la comtesse Aliénor de Vermandois qui, sous le règne du Roi Philippe Auguste, obtint  du Pape Clément III la fondation et l’implantation d’une colonie Fontevriste.

Aliénor, grande bienfaitrice du Valois, dote le Prieuré de terres, de péages, du fief de Baudrimont et de rentes de moulins, de fermes sur les villages d’Haramont et de Largny. L’ensemble des terres du monastère représente environ 35 hectares.

L’entrée en religion, à Longpré, des filles des seigneurs de la région permet à l’ordre d’augmenter ses biens et ses revenus.

L’ordre de Fontevraud

Cet ordre monastique fondé, en 1101, par un réformateur du 12ème siècle, observe la règle bénédictine dans sa rigueur d’origine. Outre ce retour aux sources, Robert d’Arbrissel introduit la mixité dans tous les monastères de l’ordre. Il montre que cela est possible en passant une nuit avec une moniale sans qu’aucun des deux ne rompe ses vœux. (voir des extrait de la Règle dans le parloir)

L’ordre, mixte, est la plupart du temps géré par une Abbesse et par des Prieures pour les monastères rattachés à l’ordre. L’abbaye de Fontevraud, magnifique ensemble religieux, est situé près de Saumur. Les Fontevristes sont contemplatifs. Les moniales portent le voile noir et la robe des bénédictines. A Longpré, la Prieure est élue tous les trois ans et dirige la communauté.

Un aumônier  intègre  plus tardivement le Prieuré et cumule les fonctions de procureur et d’intendant.

Longpré jusqu’au 16éme siècle

Longpré, depuis sa fondation jusqu’à sa fermeture comme couvent au 18ème siècle, accueille  des hommes et, à partir du 14éme siècle, que des femmes, souvent filles de la noblesse du Valois et du Vermandois.

Pendant des décennies, Longpré souffre des guerres incessantes qui ravagent la France. Anglais et Bourguignons pillent à multiples reprises la région. En 1590, Longpré recueille les reliques de Sainte Léocade et devient alors un lieu de pèlerinage pour toute la région. Sainte Léocade mourut martyre sous Dioclétien en 303 après J.C. . Son corps fut jeté du haut des murailles de Séville. Au 9ème siècle, lors de l’invasion de l’Espagne par les Maures, ses reliques sont transférées à Saint Médard de Soissons, puis à Longpré. A la Révolution Française, les reliques sont remises à l’église d’Haramont où elles sont encore aujourd’hui.

Longpré au 17éme et au XVIII éme siècle

Longpré connait plusieurs catastrophes qui manquent de le faire disparaître.En 1622, le feu prend au monastère détruisant en partie le cloître, le réfectoire, les dortoirs et endommageant l’église. En 1624, un très violent orage provoque des torrents de boue descendant des coteaux. Les bâtiments sont endommagés et certains murs d’enceintes sont détruits. Les moniales entreprennent une reconstruction et modifient la configuration du lieu pour l’adapter aux besoins du temps :

  • Le sol du réfectoire est surélevé pour permettre la création de caves voûtées et les fenêtres du rez de chaussée sont largement agrandies pour laisser plus de lumière. Le cloître, en partie détruit et qui ne permettait pas des ouvertures de fenêtres vers l’intérieur, est supprimé et les arcades transposées dans l’aile ouest qui jusqu’alors sert de grange.
  • Enfin, au XVIII éme siècle un nouveau logis est construit au nord sur les ruines d’une ancienne petite chapelle afin d’accueillir un aumônier.
  •  En 1639, l’évêque de Soissons préside à la résurrection du monastère.

Longpré et la révolution

En 1791, Longpré devient bien national et est mis en vente. Le monastère et les terres sont  vendus à un fermier pour 72.000 livres. Les moniales sont dispersées et reçoivent quelques livres de la vente de meubles du couvent. Les biens religieux sont dispersés dans les églises d’Haramont et de Largny.

Le nouveau fermier entreprend de raser l’église pour, d’une part, vendre les pierres de cette dernière à bon prix, et d’autre part, s’assurer que le bien ne serait pas repris par l’Eglise en cas de rétablissement de la Royauté. La salle capitulaire est transformée en étable, le dortoir du premier sert de grange à foin. Les pièces habitées par les moniales servent de logement aux fermiers successifs.

Longpré et le 20ème siècle

Un incendie se déclare, en 1946, à partir du foin entreposé dans le dortoir. La toiture est grandement endommagée et les étages du moulin sont détruits.

De 1946 à 1994, Longpré reste en l’état, sauf le chœur de l’église qui avait été comblé de pierres et qui est déblayé laissant apparaître des traces de l’architecture intérieure.

À partir de 1994, Longpré est progressivement restauré. Le site est complété par d’importants jardins d’inspiration médiévale composés de buis, d’ifs, de vivaces et de plantes médicinales.

Les étangs créés à l’origine pour l’élevage du poisson et alimentés par une conduite forcée dérivée du cours d’eau, sont remis en état. Les prés qui s’étendent d’Haramont à la vallée de l’automne retrouvent leur vocation d’origine.

Ils sont à l’origine du nom du monastère, comme le montre le sceau de Longpré :

« DE LONGO PRATO CONVENTUS »
(couvent de Longpré)